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Slam et poésie sur scène et dans la rue! Aimez ma page et suivez-moi sur Facebook: GenevieveLevesqueSlametpoesie
En recherche et écriture pour différents projets
La maison habitée, roman paru aux Éditions David en mai 2014

lundi 30 avril 2012

Salut!

(Extrait de 2, poésie, Cornac, 2010)

Salut, toi qui nais à chaque révolution de la terre. Je sais ton nom : le cri du vent, et chaque fois l’écho qui s’érige! Tu retournes à ton état premier et tu te confonds avec l’oubli. Mais je suis la mémoire, celle qui met l’invisible en mouvement. Je fais lever l’aube des possibles et je deviens… Toi qui signes les commencements, remets au monde ta pensée, sculpte ta demeure de tes mains! Tu es celui qui renouvelle l’espérance.

Tu te dresses et je deviens le lieu de la naissance. Un cri m’arrache à moi-même; je m’accueille à travers toi. Où vas-tu, si ce n’est au plus profond de mon être? Tu marches vers ma parole. Écoute ce cri qui m’enfante et dis-moi si ce n’est pas moi que tu cherches.

Je regarde l’homme qui vient vers moi. La peau couvre un torrent d’amertume. Les entrailles s’évadent sous le couteau. Il faut d’abord arracher les yeux pour ouvrir le regard; puis, crever les membranes qui calfeutrent le ventre. Là, les rêves palpitent et les sources naissent. J’appelle le vent qui lave les viscères et je creuse mon chemin au centre des os. Mon souffle râpe la chair, pénètre le sang. J’efface toute trace des faux départs. Je suis celle qui recommence le monde et voici venu le temps de la naissance.

vendredi 13 avril 2012

Puisque l'impossible

Hier soir au Largo, dans le cadre de Québec la Muse, une auditrice m'exprimait qu'elle aurait aimé lire le texte que j'y ai interprété. Le voici!

il t’aurait fallu me dire
ta naissance et ton cri
l’échappée de ta main vers la mienne
depuis l’aube et l’aube de l’aube
dans les plis minuscules de l’oubli

il t’aurait fallu me dire
l’instant de ta mort
l’instant de la mienne
la plus infime mesure de l’existence
à l’aulne rabâchée des souvenirs
le puits où l’ombre combat la lumière
et où se vide
goutte à goutte
l’ennui
le temps ivre de nous deux
dans l’étendue

il t’aurait fallu me dire
toutes les fois où tu avais tenté
toutes les fois où tu avais osé
toutes les fois où tu avais échoué
toutes les fois où rien ne s’était passé
entre toi et moi

il t’aurait fallu me dire
comment tu m’aurais pris la main
comment tu aurais vu
les vagues de mon sourire
déferler sur toi
quelles choses douces et gentilles te seraient venues
en pensant à moi

il t’aurait fallu me dire
les coups sanglants de ta soif
les culbutes brutales de la mienne
les baisers que nous ne connaîtrions pas

il t’aurait fallu me dire
dans un printemps de douleur
ton corps épris
ta tête sans gloire
ta main étendue sur la mienne
et une montagne de gravier
ton histoire ta verdure
ton plaisir ta crispation
ta vertu
et la tache de ta raison

ébloui tu m’aurais dit
tu n’aurais jamais voulu te taire
tu m’aurais dit encore
tu m’aurais dit

et je songe à tout ce que tu m’aurais dit

il t’aurait fallu me dire
même si je savais déjà
même si en définitive il n’y avait rien
au bout de ta parole
qu’un grincement énervant du silence
avec la roue des souvenirs
même si oui pourquoi pas
même si rien
tu entends rien
de tout cela
ne pouvait se réaliser

il t’aurait fallu me dire
pour me laisser ce silence
cet écho de toi
dans les ruelles de ton absence
quand plus rien ne subsisterait de ton nom
pour me donner ce petit rien
que tu es
et ne plus jamais
le reprendre

il t’aurait fallu me dire
et me redire
me chanter
me montrer
cet été où tu étais là
cet été où tu n’avais jamais été
aussi près de moi

il t’aurait fallu me dire
cet embrasement de toi
quand tu t’étais approché
ce silence de tes mains
ce battement de toute ta poitrine
avec les ailes de ton être
déployées
ce crépitement de ta voix
ancrée dans la mienne

il t’aurait fallu me dire
toutes ces nuits dans le noir
toutes ces ardeurs
toutes ces chaleurs de ton corps
dans le noir
toutes ces brisures lentes de la peau
sous tes doigts
toutes ces moiteurs tendres
tendres
toutes ces pensées de ton corps
toutes ces idées de tes sens
toutes ces poussées de ta peau
contre la peau
du monde

il t’aurait fallu me dire
cet instant au creux de mes reins
cette étincelle
ce brûlement
ce gravissement de l’existence
cette montagne de rires
cette évaporation de soi
ce nivellement ce cratère ce pic
ce brusquement
ce quand même
ce il le faut
ce oumph de l’être
cette émergence de l’autre
que l’on tenait
caché en soi

il t’aurait fallu me dire
que rien d’autre n’existait
dans ce coin de l’existence
où nous étions blottis

et le matin
le matin où nous nous étions séparés
laissant tomber nos mains
dans le lac
où il n’y avait rien

il t’aurait fallu me dire
une longue complainte de jadis
où toi et moi aurions été
les dames et les loups mangés
dans le lit de mère-grand
comme si le petit chaperon rouge
n’avait jamais saigné
sous les draps

il t’aurait fallu me dire
comme tu aurais aimé
m’aimer
mais
comme tu ne le pouvais pas
puisque l’impossible