En cours

EN COURS
Slam et poésie sur scène et dans la rue! Aimez ma page et suivez-moi sur Facebook: GenevieveLevesqueSlametpoesie
En recherche et écriture pour différents projets
La maison habitée, roman paru aux Éditions David en mai 2014

lundi 31 octobre 2011

Jacques et sa lanterne

Voici un conte d'Halloween que j'ai raconté vendredi aux élèves de la classe de mon fils, en maternelle. Il s'agit de l'histoire de Jack o'Lantern remaniée... façon sorcière! 

Jacques était un petit garçon qui aimait beaucoup l’été. Il courait dans les champs, il attrapait des papillons, il écoutait les oiseaux chanter, il s’amusait à voir des dessins dans les nuages, il jouait dans le ruisseau, mangeait des carottes dans le jardin. Tout l’été, il passait ses journées dehors.
Mais quand l’été finissait, Jacques était malheureux. Il faisait froid, il pleuvait, toutes les carottes étaient récoltées dans le jardin, les oiseaux se cachaient ou partaient au soleil dans le Sud, et sa maman ne voulait plus le laisser jouer dans le ruisseau parce qu’il faisait trop froid.
Une nuit, Jacques a fait un rêve.
Il a rêvé que l’été ne reviendrait plus jamais. Il n’y aurait plus de soleil, plus de chaleur, plus de carottes. Il ferait toujours, toujours, toujours froid, sombre et humide comme pendant les journées pluvieuses d’octobre.
En se réveillant, Jacques a eu peur. Il a dit à sa maman :
— J’ai rêvé que l’été ne reviendrait plus jamais. J’ai peur de ne jamais plus pouvoir jouer dans le ruisseau, de ne jamais plus pouvoir faire toutes les choses que j’aime faire l’été!
Sa maman lui a répondu :
– Voyons, Jacques, tu penses trop. Va donc jouer dehors dans les feuilles mortes.
Jacques est allé dehors, mais il avait encore peur.
Il est allé voir son papa et lui a dit :
– J’ai rêvé que l’été ne reviendrait plus jamais. J’ai peur de ne jamais plus pouvoir jouer dans le ruisseau, de ne jamais plus pouvoir faire toutes les choses que j’aime faire l’été!
Son papa a éclaté de rire et lui a répondu :
– Voyons, Jacques, c’est juste un rêve! Il ne faut pas prendre ces choses-là au sérieux.
Mais Jacques avait encore peur.
Alors il est allé voir la sorcière de son village, la sorcière Gigi. Il lui a dit :
– J’ai rêvé que l’été ne reviendrait plus jamais. J’ai peur de ne jamais plus pouvoir jouer dans le ruisseau, de ne jamais plus pouvoir faire toutes les choses que j’aime faire l’été!
Au lieu de l’envoyer jouer ou de rire, la sorcière Gigi a pris Jacques au sérieux. Elle a réfléchi, puis lui a demandé d’aller cueillir une citrouille dans son jardin. Jacques est allé dans le jardin de la sorcière et a cueilli une citrouille. Puis, Gigi l’a aidé à gratter l’intérieur de la citrouille. Ensuite, ils ont gravé ensemble, dans la citrouille, le visage de l’hiver : des yeux, un nez, une bouche. Finalement, la sorcière Gigi a regardé Jacques dans les yeux et lui a dit :
– Jacques, je te donne un rayon de soleil de l’été. Tiens, prends-le et mets-le dans la citrouille. Comme ça, il survivra tout l’hiver. Au printemps, tu pourras le laisser sortir pour faire revenir l’été.
Jacques est retourné chez lui avec sa citrouille qui était devenu une lanterne. Il était tout heureux. Il n’avait plus peur de l’automne, ni de l’hiver.
Depuis ce jour-là, chaque année, la sorcière Gigi donne à Jacques un rayon de soleil qu’il garde tout l’automne et tout l’hiver dans sa citrouille et qu’il sort au printemps pour faire revenir l’été.
C’est pour cela que, le soir de l’Halloween, nous mettons, nous aussi, un rayon de soleil dans une citrouille, accroché à la mèche d’un bout de chandelle : pour que l’été n’oublie pas de revenir nous voir après l’hiver.

lundi 10 octobre 2011

La différence

entre vie et vide
un coup de « d » 
fait la différence




différer de soi
la marche est haute
le pas lent



lundi 11 juillet 2011

La saveur du matin

un an
depuis
ta naissance


magie brûlante
le soleil
tes yeux


le sable sur ta robe
la saveur du matin
sur tes lèvres


lente
tu cherches
la naissance


l’écho des cèdres
ton enfance
appelle


au-delà du ciel
le silence
te regarde


tu n’es pas encore
et pourtant
tu deviens


la vie en toi
démange
tu ris


dans ton ombre
je te cherche
encore


ta robe
te couvre
toute entière


tu joues
la vie
t’a saisie


une femme t’habite
tu me regardes
je la vois


sous ta robe
ton ventre
coucou


je t’habille en rose
peut-être est-ce que je crois
en la femme


un papillon sur un bâton
une vie se termine
une autre commence


sur fond de pelouse
ton cri
retentit


le chien
aboie
tu imites


écrire des poèmes
avec le bruit de l’eau
et les voix


dans le sable
il n’y a plus
de perce-oreilles


sous le chapeau
ton visage
dans l’ombre


l’ombre dans ma tête
s’étend
le soleil n’y peut mais


les doigts dans la bouche
tu songes
mais à quoi


tu voudrais déjà dormir
l’ombre
se refuse


ma
dis-tu
à l’air du temps


l’air s’épaissit
tu es toute menue
dans la lumière


ton frère
l’appareil-photo
à la main


une photo
comme si c’était
moi


les voix
dans ma tête
sans fin


je me parle comme si tu
n’étais pas



au rythme
du vent
tu avances


tu es
le désir
de toi-même


à l’ombre
je songe
au retour


tant
de soleil
pour rien


trois derniers vers
tu es fatiguée
nous rentrons

Geneviève Lévesque

dimanche 26 juin 2011

Manifeste d'accès poésie no 2

La colère parle

La colère est un processus d'expression de soi souvent négligé. On la refoule, on la repousse dans les profondeurs d'où elle est venue. On se sent coupable. Coupable de quoi? De ressentir? De dire, voire de gueuler? D'être vivant, quoi...

Dans un monde où ce que nous sommes est opprimé par les visions de masse et les faux désirs que nous impose l'industrie, la colère nous est pourtant aussi essentielle que l'eau et l'air. Nous sommes des êtres de conscience et nous nous tenons, inconscients, dans les marges de l'être. Nous croyons vivre. Nous aspirons du monoxyde de carbone comme si c'était normal. Nous aspirons des publicités comme si c'était pour cela que nous sommes venus au monde. Nous ne pensons plus, nous sommes pensés. Nous n'agissons plus, nous sommes agis. Et pas seulement pas les autres ou par les multinationales, non : nous sommes agis par ce qui se meut à l'intérieur de nous et à quoi nous ne laissons pas de place pour s'exprimer.

La colère, dans ce contexte, devient salvatrice. Elle ouvre la porte à quelque chose de vrai. Le réel s'échappe et nous surprend par la violence de son surgissement. Il s'empare de nous et nous force à agir, enfin, dans le sens de ce que nous sommes. Il nous fait dire NON. NON à ce qui nous heurte, NON à ce qui nous emprisonne, NON à ce qui n'est pas nous et que nous sommes forcés d'être. La colère nous fait devenir ce que nous avons à être.

Devenez vous-mêmes dès maintenant. Mettez-vous en colère.


la colère libère
la colère libère le poète
la colère libère le poète en nous

Geneviève Lévesque
Écrivain et artiste de la scène en littérature

lundi 20 juin 2011

De deux choses l'une

il faudrait dire
une chose
et son contraire



être deux
l'autre en nous
nous regarde

vendredi 8 avril 2011

Manifeste d'accès poésie no 1

On a beau parler...

On a beau parler, on n'est pas toujours écouté. C'est souvent l'impression que j'ai dans la vie, c'est parfois l'impression que j'ai en poésie. C'est pourquoi j'ai choisi non seulement d'écrire, mais aussi de rendre accessible ce que j'écris.

Ce que j'écris, c'est ce que j'ai à dire. C'est aussi simple que cela. Le livre est un merveilleux support pour l'expression, mais il demeure limité. Écouter ajoute à la lecture et peut même la remplacer dans certaines occasions. En plus d'avoir une belle ambiance et de la compagnie, on a la présence directe de l'auteur qui livre ses textes avec plus ou moins d'entrain, plus ou moins d'aplomb, plus ou moins de conviction ou de talent.

Pour rendre ma poésie accessible, il faut donc que j'arrive à la RENDRE, tout simplement, à l'oral. On parle alors de littérature orale, mais aussi et, surtout, de poésie vivante : une poésie qui chante, qui parle, qui allume, qui slame, qui dérange, qui arrange, qui bouscule, qui gueule, qui pleure, qui rit, qui se trompe aussi, qui trébuche et qui tombe mais qui, toujours et avant tout, avance, va vers les gens, ne reste jamais immobile, cherche à rejoindre, à dire, dire, dire...


Parle pour dire parle pour dire parle pour dire parle.

Geneviève Lévesque
Écrivain et artiste de la scène en littérature